"Gloria et Frances se sont rencontrées dans les années 80. Elles se sont aimées comme on s'aime à seize ans : drogue, sexe et rock&roll. Puis la vie les a séparées, et elles ont pris des chemins très différents. Vingt ans après, Frances revient chercher Gloria.."
Bye Bye Blondie est la deuxième réalisation de Virginie Despentes après Baise-moi également l'adaptation d'un de ses livres. C'est le seul point commun entre ses deux films, si vous aller voir Bye Bye Blondie en espérant du sexe et du trash, passez votre chemin, Virginie Despentes nous livre tout autre chose cette fois-ci. Ce film, je l'ai attendu longtemps, j'ai aussi attendu plus d'une semaine avant d'écrire mon avis. Je l'ai attendu longtemps parce que c'est Despentes, parce que j'aime les deux actrices principales et parce que comme dit Virginie finalement c'est vrai que dans le cinéma français on voit peur d'histoire entre femmes.
Gloria c'est Béatrice Dalle, Frances c'est Emmanuelle Béart. Toutes les deux sont des "fantasmes" des années 80 avec 37,2 le matin pour Dalle et Manon des Sources pour Béart, les deux films étant sortis la même année.
J'ai pour Béatrice Dalle un amour sincère depuis le début, j'aime sa façon de jouer, ou plutôt de ne pas jouer, car elle devient le personnage, pas "d'actors studio", pas besoin de penser à quelque chose de triste pour pleurer parce que si son personnage pleure c'est parce qu'il y a une bonne raison, alors elle pleure. Dalle répète sans cesse qu'elle ne peut jouer que ce qu'elle connaît, et ça se voit, ses films ne sont pas toujours des chefs d'œuvre mais elle est juste à chaque fois, c'est rare. Et puis, Dalle ne lit jamais le scénario avant d'accepter un film, elle rencontre le metteur en scène qui lui explique le film et si elle est convaincue, que quelque chose se passe durant cette rencontre, alors elle signe les yeux fermés.
C'est bien sûr ce qu'il s'est passé avec Virginie Despentes dont Dalle répète sans cesse qu'elle est tombée amoureuse. Et ça sent dans sa façon de jouer. C'est aussi Béatrice qui est à la base du principal changement par rapport au livre. Car si pour le rôle de Gloria, Dalle était une évidence pour Despentes, il fallait lui trouver un partenaire masculin puisque que dans le livre c'est avec un homme que Gloria a vécu cette passion. Virginie a cherché mais n'a trouvé personne, Dalle a lors suggéré de chercher une femme, Virginie vivant depuis des années avec une femme, cela pouvait apporter pas mal de choses en plus. C'est comme ça qu'est arrivée Emmanuelle Béart.
Emmanuelle, un de mes premiers émois lorsque je l'ai vue courir nue avec ses chèvres dans Manon des sources. Ce fut d'abord physique et ensuite j'ai appris à la découvrir avec la Belle Noiseuse, Nelly et Monsieur Arnaud, bref Emmanuelle ce n'était pas qu'un corps c'était aussi du talent.
Gloria et Frances se retrouvent après 20 ans, mais Dalle et Béart se découvrent, elles n'ont jamais tourné ensemble. Le résultat est satisfaisant, on croit aux scènes de confrontation, on croit aux scènes de violence, là on y croit un peu moins et c'est là que c'est dommage c'est durant les scènes d'amour physique, les gestes sont gauches, surtout de la part de Béart, ça sonne faux mais en y réfléchissant bien je pense que c'est voulu, car elles se redécouvrent, qu'il y a un passé entre eux et toujours des doutes et des craintes. Alors oui, je change d'avis, on peut y croire si on a envie d'y croire, et je pense que quand je le reverrai j'en aurai envie.
Gloria et Frances se sont aimées il y a 20 ans, et pour cette partie là, Soko est Gloria et Clara Ponsot est Frances. Et là par contre, on y croit dès le début à leur histoire, je les ai trouvées touchantes, même si, et là je suis un peu dure peut-être, Soko est meilleure chanteuse qu'actrice mais quand elle est avec Clara Ponsot c'est magique. Pour moi, Clara est la révélation de ce film.
Toute la partie années 80 est intéressante, c'est inspiré de la vie de Despentes, y compris le passage en hôpital psychiatrique, le punk, cette violence. Et cette musique...Les béruriers noirs, la souris déglinguée.. c'est terrible.
20 ans plus tard, elles ont changé, Frances du moins, ou peut-être pas. Là aussi, la musique est un fil conducteur,la présence de Lydia Lunch en live dans une version d'Avec le temps à tomber par terre est symbolique, c'est le passé et le présent. C'est Gloria et Frances, maintenant, ensemble mais après? quel avenir ont-elles? Quel passé ont-elles eu? On nous réserve quelques surprises.
Je m'en voudrais de ne pas parler de Pascal Greggory qui est comme d'habitude excellent en "faux" mari de Frances, écrivain en panne d'inspiration, jaloux de Gloria, inquiet pour Frances mais qui finalement va essayer de les comprendre.
En résumé, j'ai aimé Bye Bye Blondie, j'espère que vous aimerez aussi.
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